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mercredi 27 janvier 2010


Du nouveau sur le blog ! C'est la fête, faites péter les confettis.




"Mais il lui semble qu'il a suffi d'évoquer un instant, même pour la rejeter, l'idée de cet amour qui pourrait s'infiltrer pour qu'un irréparable sortilège vienne brusquement lui donner corps et que lui apparaisse, presque comiquement sidérante, l'idée qu'il était amoureux d'elle (car, de même que ces éditeurs qui manquent l'un après l'autre les écrivains qu'on leur présente parce qu'ils sont à la recherche du nouveau Proust et qu'ils n'arrivent pas à l'imaginer autrement que sous les traits de l'ancien - oubliant que Proust lui même fut d'abord si déroutant, si peu conforme à l'idée que l'on se faisait alors d'un grand écrivain, que le premier éditeur auquel il adressa son roman le lui retourna sans même l'avoir lu -, de même un nouvel amour - qui prendra bientôt dans notre vie une place telle que nous deviendrons incapables de la concevoir sans lui, tout comme le paysage littéraire d'une époque que, rétrospectivement, nous ne parvenons plus à nous représenter sans tel ou tel de ses auteurs que ses contemporains ignoraient superbement - se présente-t-il à nous avec un visage si parfaitement inattendu, si éloigné de l'idée que nous pouvions nous en faire, que nous ne le regardons d'abord que comme un vague objet de curiosité, parfois même quelque peu déplaisant, avant d'entrevoir ce qui nous le rendra irremplaçable, et qui est peut-être ce que nous lui avons d'abord trouvé de plus choquant)."



Benoît Peeters in Prague, un mariage blanc, 1985